------------------------------- ------------------------------- L'Antre du Bis: El Mercenario

17/10/2009

El Mercenario

Titre : El Mercenario (ou encore Le Mercenaire)
Titre original : Il Mercenario 
Réalisé par Sergio Corbucci
Année : 1968
Film Italien
Durée : 110 minutes
Avec Franco Nero, Tony Musante, Jack Palance Giovanna Ralli...


Alors que Sergio Leone achevait en grande pompe sa Trilogie des Dollars avec son formidable Le Bon, La Brute, et le Truand en 1966, d'autres réalisateurs moins connus du grand public ont contribué à donner au western transalpin ses lettres de noblesse. Sergio Corbucci fait partie de ceux là. En 1968, il entame lui aussi sa propre trilogie, basée sur la révolution mexicaine, offrant ainsi au western zapata (sous-genre du western spaghetti, initié par le film El Chuncho de D. Damiani) quelques-uns de ses chef-d'œuvres. 

El Mercenario (qui sera suivi de Compañeros en 1970 et de Mais qu'est-ce que je viens foutre au milieu de cette révolution? en 1972) nous raconte le parcours de Paco, un jeune Mexicain idéaliste et naïf qui se lance dans une révolution sans trop savoir ce que cela implique et de Polack, son compagnon de voyage, un redoutable mercenaire Polonais cynique et expérimenté qui n'oublie pas de se faire payer grassement pour chacun de ses services. Cependant, un stock de minerai d'argent issu de la mine dans laquelle Paco était exploité attire les convoitises malgré son inaccessibilité. Curly, bandit chic et précieux se met en chasse...

Le postulat de départ du western zapata est très codifié. En général, un paysan mexicain simple et peu instruit se trouve plongé au cœur d'une révolution qui le dépasse. Il se retrouve aidé et secondé par un étranger qui possède un talent militaire ou charismatique particulier qui sera mis au service de la révolution. Enfin, un trésor mobilise les attentions, motivant chaque parti, que ce soit pour financer les ambitions politiques ou tout simplement pour s'enrichir.

Sergio Corbucci  n'en est pas à son galop d'essai en réalisant El Mercenario. Il avait d'ailleurs déjà dirigé Franco Nero et son regard hypnotisant dans l'excellent  Django. Ce personnage mystérieux trainant un cercueil est devenu une figure incontournable du genre et a engendré une grande quantité de suites plus ou moins officielles... 

Corbucci signe ici un film disposant d'une forte identité. Tout d'abord, le côté politique est tourné en dérision. Les idéologies sont balayées par des dialogues savoureux et cyniques ainsi que par des situations ridiculisant tour à tour chaque parti. C'est clairement une très grande force du film car le spectateur, confronté à la comédie humaine, en retire son propre jugement. Les relations entre Paco et le Polack sont à ce titre parfaitement croustillantes, les deux hommes enchaînant moments de bravoure épiques et trahisons ou comportements infantiles tout au long du film. Notons que le réalisateur ne ménage pas la démesure qu'il affectionne tant et offre une quantité de moments de bravoure spectaculaires et exaltants avec un style fluide et inspiré. 
La mise en scène, virtuose, épouse l'action, et Corbucci impose un univers tristement festif porté par la partition d'Ennio Morricone. Le duel final dans l'arène est la parfaite synthèse de tout cela. Les comédiens, parfaits, se renvoient la balle avec grand brio. Franco Nero, cynique à souhait, fait parfois penser au "Personne" campé par Terence Hill quelques années plus tard. Tony Musante et Jack Palance livrent des prestations théâtrales parfois hilarantes et toujours justes, et les commentaires acerbes de Giovanna Ralli posent le point final sur l'un des meilleurs westerns italiens. Rythmé, jouissif, cynique et endiablé, ce film à voir absolument ne rencontrera hélas pas un très grand succès critique en France à l'époque. 
En 1972, Sergio Leone sortira Il était une fois la Révolution, digne et habile successeur du film de Corbucci qui conclura en apothéose le genre zapata. Une édition dvd de qualité est disponible chez Wild Side et permet de (re)découvrir ce classique du genre.


Bande-annonce américaine du film

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